Récit-fiction : Et si la chasse était interdite… [Fr]

Par Philippe Danthine

Septembre 2035, l’heure est à la nostalgie. Depuis 5 ans, la chasse est fermée et même interdite dans toute la Belgique. Les opposants ont réussi à faire voter, dans chacune des régions du pays, une loi, décret ou ordonnance supprimant la chasse, texte doublé d’une protection intégrale de tous les prédateurs, qu’ils soient à plumes, à poils, à écailles, à sang chaud ou à sang froid…

En plaine

Même si, depuis 10 ans, l’agriculture a fait des progrès au niveau écologique, les campagnes sont devenues des déserts. Plus personne ne fait des aménagements pour la petite faune, plus aucune amélioration des biotopes et aucune restauration des habitats. Les becs droits et crochus en surnombre détruisent systématiquement tous les nids et toutes les nichées. Renards, blaireaux et autres ratons laveurs achèvent toute la petite faune dont les rares survivants tombent sous la dent des bêtes noires qui règnent en maître sur la plaine.

Dans les bois et massifs forestiers

Pour réguler le grand gibier, chaque région a créé sa brigade d’intervention, bien équipée y compris pour le tir de nuit.

Au début, cela semblait fonctionner plus ou moins bien, mais, très vite, le grand gibier est devenu de plus en plus méfiant. Il s’est adapté, adoptant des comportements assurant sa survie. Dès lors, il est de plus en plus difficile à réguler même par piégeage.

En Wallonie

Les moyens de la Wallonie étant ce qu’ils sont, les agents recrutés sont trop peu nombreux et vite usés par ces tâches souvent nocturnes.

Les défections se succèdent, même parmi les plus acharnés du tir.

En fait, certains comptaient sur la régulation par le loup.

En cette année 2035, 5 meutes sont reconnues établies en Belgique, deux dans les provinces d’Anvers et du Limbourg, une en province de Liège, à cheval sur la frontière allemande, notamment sur le plateau de l’Eiffel, fréquenté en outre par 2 ou 3 lynx et les premiers chacals dorés, une quatrième dans le sud de la province de Luxembourg et la dernière dans le grand massif ardennais de la Meuse, réparti entre la province de Namur et le département des Ardennes ou les loups partagent leur territoire avec le premier ours vu, fin 2030,sur 2 pièges photographiques..

Pour sauver leur cheptel, les éleveurs doivent rentrer les animaux la nuit. Il faut subventionner des clôtures renforcées. Il faut indemniser les animaux perdus.

La Wallonie passe à la caisse…

La population de chevreuils décroît. Il a presque disparu des forêts pour se réfugier près des habitations ou, maintenant, il occasionne des dégâts dans les jardins et potagers.

Les grands ongulés ont aussi adapté leurs mœurs face à la menace, notamment en se regroupant en hardes plus importantes. Ils sont plus farouches et stressés. Les abroutissements liés au stress sont en augmentation. La Wallonie passe à la caisse..

Quant au sanglier, magnifique exemple d’adaptation, il vit dans les maïs et les hautes cultures. Il se défend facilement vis-à-vis du loup, d’autant plus que de nombreux mâles aux grès aiguisés font des dégâts dans les meutes.

Bien à l’abris, ils ne sortent que la nuit profonde et sont impossibles à réguler…

D’autres sangliers s’épanouissent dans les villes et les coteaux de la Meuse.

Et la Wallonie passe à la caisse…

Les communes

Les communes font grise mine. Plus de revenus de la chasse. Le commerce et le secteur Horeca qui, l’hiver, bénéficiaient d’importantes retombées pendant la saison creuse sombrent dans une léthargie hivernale…

Les chasseurs ne payant plus les dégâts de gibier, la Wallonie passe à la caisse…

A chacun son opinion

S’agit-il d’un récit imaginaire, le débordement d’un doux rêveur effrayé par l’avenir ou la réalité cauchemardesque qui nous attends ?

A chaque lecteur son opinion….